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10 janvier 2009

Nouvelles tendances théâtrales

Quand le cultuel s’invite sur les planches au Bénin

Créer en puisant des ressources proches de la culture des populations, pour lesquelles on crée, afin de mieux faire passer un message. C’est l’une des raisons, qui motive une nouvelle mise en scène qui s’inspire du cultuel au Bénin. Cela s’appelle le théâtre rituel. La mise en scène fait appel à des réalités liées aux rites et pratiques des couvents vodoun. Une nouvelle façon de trouver une approche plus béninoise voire africaine des créations théâtrales.

Sessi Tonoukuin.
Porter une touche béninoise à la mise en scène. Un travail dans lequel le dramaturge Euloge Béo Aguiar, s’investit depuis peu. Il rompt avec l’habitude des textes et des décors « insipides » obéissant aux classiques en 2002 par une création unique au Festival International du théâtre du Bénin. « Papieritudes 2 ». Cette pièce  traite une fois encore de la question de l’immigration. Un décor à l’image d’un sanctuaire. Un jeu d’acteur singulier à la l’image des adeptes d’un couvent vodoun. Incantation ! Et libre expression du comédien dans sa langue local. Le spectateur reste stupéfait. C’est le premier pas dans le théâtre rituel de Euloge Béo Aguiar, qui lui a valu le premier prix d’auteur dramatique francophone en 2006 au festival des fictions radiophoniques francophones. Depuis lors, il met une forte couleur de rituel dans ses mises en scène. Aujourd’hui, il compte une bonne dizaine de créations estampées « théâtre rituel », qui ont fait le tour des plusieurs festivals tant en Afrique, Europe et au Brésil.

Pour le dramaturge, pionnier du théâtre rituel au Bénin, le défi est de créer un spectacle potentiellement africain, mais de portée internationale. L’originalité de ses représentations réside dans l’adhésion spontanée du public, des spectateurs à la scène. Son espace scénique est un appel franc qui met en exergue le rapport avec l’alentour pour des spectacles dites de célébration montrant tout le rapport entre le culturel et le cultuel.
Qu’il s’agisse de « Jonquet Rue 12 » ou de « Fâ »  ou encore de  « Au bout du bois » et « sans commentaire », la démarche de Euloge Béo Aguiar, est la même. S’inspirer de la richesse d’une tradition africaine encore vivante, faire jouer des comédiens dans leur propre langue, user dans certains actes de la pièce des rites africains pour permettre à chaque spectateur de repartir avec une impression, souvent celle d’avoir assisté à une représentation authentique. « On ne peut mieux dire ce que l’on ressent que dans sa propre langue » affirme-t-il.
En empruntant cette voie pour créer ses spectacles et mieux en l’adoptant comme concept théâtral, Euloge Béo Aguiar retrempe l’Afrique dans sa source originelle. La scène de la représentation, pareille à l’autel devient un lieu sacré. Le décor et le costume des comédiens souvent en liaison avec le sujet traité dégagent une vibration. Le spectateur n’a pas besoin de comprendre nécessairement, il sent quelque chose de fort se passer. Cette impression est  frappante lors des représentations de « Jonquet Rue 12 », de  « Au bout du bois » ou  de « Fâ ». Ce dernier spectacle qui met en scène  les quatre éléments du cosmos à savoir l’eau, le feu, l’air et la terre bouleverse le regard et suscite la curiosité  à cause de l'intrusion d'un cinquième élément qu’est l’amour. Et telle une cérémonie de fâ, (oracle) les spectateurs n’ont pas assisté à ce qu’ils pensent être une représentation. Ils assistent plutôt à un spectacle que le fâ accepte d’offrir. Chacun repart avec plutôt une impression, un sentiment, une émotion et un état d’âme particulier. Cette forme de mise en scène rejoint celle des japonais qui ont mis en scène leur cérémonie rituelle.

En dehors de Euloge, d’autres voix du théâtre béninois emprunte ce chemin du rituel. Il s’agit de Hermas Gbaguidi et  Ousmane Alédji. Plus présent dans cette tendance que Hermas Gaguidi, Ousmane Alédji, auteur, dramaturge et metteur en scène, a coloré la mise en scène de sa pièce « Imonlè » dans le rituel yoruba. Il récidive aussi dans sa dernière création « O mon mi ». Coloration forte des réalités quotidiennes du Bénin notamment des cités urbaines en conflits avec les habitudes du village. Le spectateur dans ce spectacle vibre au gré des actions des acteurs avec des cris étranges, qui créent émotion et sensation.
Mais au-delà de l'exploit de concilier le culturel et le cultuel, le théâtre rituel pose le problème de la liberté dans la création et les risques des effets néfastes de la manipulation de certaines formes du sacré. Comme quoi, ne s’y aventure pas qui veut, mais qui peut !

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